Le 2 octobre 1958, la Guinée disait "non" à la colonisation française. Retour sur un moment fondateur pour l’Afrique indépendante, ses figures historiques, ses conséquences et son héritage aujourd’hui.
Une date, un tournant historique
Le 2 octobre 1958, la Guinée devenait le premier pays d’Afrique subsaharienne francophone à accéder à l’indépendance, suite à un référendum décisif. Sous la conduite du charismatique Ahmed Sékou Touré, leader du Parti Démocratique de Guinée (PDG) et figure du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), la Guinée rejette le projet de "Communauté française" proposé par le général de Gaulle lors de sa tournée africaine.
Ce "Non" historique à la France allait marquer le début d’un long processus d’émancipation sur le continent, mais aussi d’isolement et de tensions diplomatiques pour la jeune nation guinéenne.
Les pères de l’indépendance et les tractations politiques
L’indépendance de la Guinée n’est pas née dans un vide. Elle est le fruit de longues années de luttes, de débats et d’organisation politique. Plusieurs figures ont joué un rôle majeur :
La décision de Sékou Touré de dire "Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage" reste l’un des discours les plus marquants de l’histoire postcoloniale africaine.
Une rupture brutale avec la France
Suite au "non" guinéen, la réaction de la France fut immédiate et brutale. Les administrations françaises furent démantelées en quelques jours, les cadres partis, les archives détruites, les équipements et infrastructures sabotés. La France voulait faire de la Guinée un exemple dissuasif pour les autres colonies tentées par l’indépendance immédiate.
Ce choix audacieux a conduit la Guinée à se tourner rapidement vers l’Union soviétique, la Chine, le Ghana de Kwame Nkrumah, et d'autres nations non alignées. Cette orientation a renforcé une politique d'autosuffisance, mais a également isolé la Guinée sur le plan économique et diplomatique pendant plusieurs années.
Les acquis de l’indépendance
Malgré les difficultés, plus de six décennies après, la Guinée peut se féliciter de certains acquis importants :
Les rapports avec la France aujourd’hui
Les relations avec la France, jadis glaciales, se sont progressivement normalisées. Plusieurs présidents français, de Jacques Chirac à Emmanuel Macron, ont visité la Guinée, et les coopérations économiques, militaires et éducatives ont repris.
Cependant, ces relations restent marquées par un passé colonial douloureux, des attentes non satisfaites, et des interférences politiques perçues. La Guinée, comme d’autres pays africains, aspire à un partenariat équilibré, basé sur le respect mutuel et la transparence.
Les avantages et les inconvénients d’une indépendance précoce
Avantages :
Inconvénients :
Un héritage à réinventer
En célébrant son indépendance, la Guinée se remémore non seulement un acte de courage historique, mais s’interroge aussi sur la manière dont elle utilise cette liberté aujourd’hui. Le combat pour la justice sociale, la bonne gouvernance, la démocratie et le développement économique demeure plus que jamais d’actualité.
Le défi des générations futures sera de faire de l’indépendance une réalité vécue au quotidien, et non seulement un souvenir glorieux.
Pour la Radio Ylla - Alpha BAH