Est de la RDC : « C’est toute la région qui est menacée », met en garde le président burundais


02 février 2025 - 59 vues

Alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris Goma et progressent dans le Sud-Kivu, la SADC s’est réunie ce vendredi à Harare et a appelé à un sommet conjoint avec l’EAC. Les principaux événements en direct.

Ce qu’il faut retenir : Le M23, soutenu par le Rwanda, a lancé une offensive sur plusieurs axes autour de Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Les combats ont débuté le 23 janvier et les rebelles ont pénétré dans la ville dimanche 26 janvier au soir. Ils en tiennent les points clés depuis le 28 janvier. Mercredi 29 janvier, ils ont ouvert un nouveau front dans la province voisine du Sud-Kivu.

Le 1er février, le président burundais, Évariste Ndayishimiye, a dit redouter que le conflit en RDC déclenche une guerre régionale. « Si ça continue comme ça, la guerre risque de se généraliser dans la région », a-t-il déclaré.

Le 31 janvier, un porte-parole de l’ONU a affirmé qu’au moins 700 personnes avaient été tuées et 2 800 blessées lors des combats pour le contrôle de Goma.

Un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’est tenu ce vendredi dans la capitale zimbabwéenne, Harare, pour trouver « des solutions durables » au conflit. La SADC propose un sommet conjoint avec l’EAC.

Les dernières informations : 

• L’opposition congolaise elle aussi sonnée par la prise de Goma

Plusieurs des adversaires politiques de Félix Tshisekedi ont vivement condamné la prise de Goma. Mais tous sont partagés entre affirmer leur soutien aux forces armées congolaises et pointer la responsabilité du régime dans la brusque dégradation de la situation.

Martin Fayulu, Delly Sesanga, Denis Mukwege Joseph Kabila, Moïse Katumbi… Le point sur leurs réactions ou leurs silences qui, chez certains partisans de Félix Tshisekedi, alimentent les soupçons.

• Kinshasa s’attaque au sponsoring rwandais

Dans un courrier adressé aux dirigeants des clubs du Paris Saint-Germain (PSG), d’Arsenal et du Bayern Munich, le ministère congolais des Affaires étrangères leur demande de rompre les contrats « entachés de sang » qui les lient à la marque Visit Rwanda, qui fait la promotion du pays.

« Je vous écris pour interroger la moralité de votre club, de vos joueurs et de vos supporters quant à la poursuite de votre relation financière avec Visit Rwanda », interpelle la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner dans cette lettre envoyée le 31 janvier. Elle accuse le Rwanda de vouloir annexer une grande partie de l’est de la RDC « afin d’accéder à nos minerais pour son propre gain économique ».

Les informations de samedi 1er février 2025

• Le Burundi inquiet pour la sécurité de toute la région

« Si l’est du Congo n’a pas la paix, la région n’a pas la paix », a estimé le président burundais dans des propos publiés samedi 1er février sur sa chaîne YouTube officielle. Appelant la communauté internationale à prendre la situation « au sérieux », Évariste Ndayishimiye a affirmé que « si ça continue comme ça, la guerre risque de se généraliser dans la région ».

« Ce n’est pas le Burundi seulement, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, c’est toute la région, c’est une menace », a-t-il insisté. « Je sais que la guerre arrivera même au Burundi » si « le Rwanda continue à réaliser des conquêtes », a-t-il ajouté.

Évariste Ndayishimiye a en outre accusé le Rwanda de « préparer quelque chose contre le Burundi », en soulignant que son pays n’allait pas « se laisser faire ».

• L’Africa CDC met en garde contre de possibles flambées épidémiques dans l’Est

Le chef de l’agence sanitaire de l’Union africaine (Africa CDC) a estimé que la situation à Goma, ville conquise par le M23 et l’armée rwandaise, constituait une « véritable urgence de santé publique », avertissant que les combats pourraient alimenter des flambées épidémiques.

« Cette guerre doit cesser. Si aucune mesure décisive n’est prise, ce ne seront pas seulement les balles qui feront des victimes, mais la propagation incontrôlée d’épidémies majeures et de pandémies potentielles qui viendront de cette région fragile, […] dévastant les économies et les sociétés de tout notre continent », a-t-il déclaré.

Le M23 gagne du terrain dans l’est de la RDC, où se sont produites de nombreuses vagues épidémiques de maladies contagieuses. Pour Jean Kaseya, les conditions actuelles « extrêmes, combinées à l’insécurité et aux déplacements massifs [de population], ont alimenté la mutation du virus mpox ».

Les informations de vendredi 31 janvier 2025

• La SADC réaffirme son soutien à la RDC

Les dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), réunis vendredi lors d’un sommet extraordinaire à Harare, ont « réaffirmé » leur « engagement indéfectible à continuer de soutenir la RDC dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale », selon leur communiqué.

L’organisation a également demandé un « sommet conjoint immédiat de la SADC et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) afin de réfléchir à la manière de régler la situation sécuritaire en RDC », où les rebelles du M23 et l’armée rwandaise ont pris la ville de Goma.

L’EAC, qui compte parmi ses membres le Rwanda, avait formulé cette même proposition deux jours plus tôt après une réunion à la tonalité très différente. À son issue, elle avait « fermement exhorté le gouvernement de la RDC à engager le dialogue avec tous les acteurs, dont le M23 ». Ce dont il n’est pas question côté SADC, dont la RDC est adhérente. Excepté un appel au « cessez-le-feu », les positions des deux organisations apparaissent donc éloignées en attendant ce sommet commun.

Enfin, l’éventualité du départ des troupes déployées au sein de la SAMIDRC s’est nettement éloignée puisque le sommet de la SADC a souligné que les « objectifs » de cette mission, à savoir « défendre l’ intégrité territoriale » de la RDC et son « aspiration à la paix et à la sécurité », n’avaient « pas encore été atteints ».

• Des volontaires « prêts à mourir » pour défendre la RDC

Répondant à l’appel pressant des autorités congolaises, plusieurs centaines de volontaires sont venus s’enregistrer vendredi dans le stade de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, pour aller au front. « Je suis prêt à mourir pour mon pays », a assuré l’un deux, Juvenal Bahati Muhigirwa Ndagano, avant de rejoindre un bataillon désordonné de futurs miliciens en tenues dépenaillées, a constaté l’AFP.

Dans la capitale, Kinshasa, des dizaines de personnes ont fait don de leur sang, à l’appel du ministère de la Santé, pour les militaires et civils blessés dans la région de Goma. « Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que nous aimons le pays seulement sur les réseaux sociaux, nous devons poser des gestes qui sauvent des vies », a dit à l’AFP Amy Vodu, 30 ans.

• La France poursuit ses consultations

Emmanuel Macron a multiplié les appels téléphoniques ce jeudi 30 janvier. Il s’est entretenu avec le président angolais João Lourenço, médiateur pour l’Union africaine dans le processus de Luanda. Il a également échangé avec son homologue burundais, Évariste Ndayishimiye. Le Burundi est frontalier de la province du Sud-Kivu, vers laquelle progressent les rebelles du M23 avec la ville de Bukavu en ligne de mire. Le chef de l’État français a parlé enfin avec l’Ougandais Yoweri Museveni, dont l’armée a annoncé un renforcement de se présence à la frontière avec la RDC pour empêcher l’avancée d’autres groupes armés, dont les rebelles islamistes des Forces démocratiques alliées (ADF), qui sévissent dans la région.

Au même moment hier, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, voyageait dans la région pour rencontrer successivement les présidents Félix Tshisekedi à Kinshasa, puis Paul Kagame à Kigali, dans l’espoir de raviver le processus de Luanda.

• L’armée ougandaise adopte « une posture défensive avancée » dans l’est de la RDC

L’armée ougandaise (UPDF) a annoncé vendredi qu’elle allait « renforcer ses défenses » dans l’est de la RDC, où le M23 mène une offensive avec le soutien du Rwanda. Dans un communiqué, l’UPDF a déclaré qu’elle allait adopter « une posture défensive avancée […] jusqu’à ce que la crise soit passée ». Elle précise que l’objectif est « de dissuader et d’empêcher les nombreux autres groupes armés négatifs opérant dans l’est de la RDC d’exploiter la situation, et de protéger et de sécuriser les intérêts de l’Ouganda ».

L’armée ougandaise cite nommément les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé affilié à l’État islamique implanté depuis le milieu des années 1990 dans le nord-est de la RDC. « L’UPDF, en collaboration avec les FARDC […], suit de près l’évolution de la situation sécuritaire et continuera de traquer agressivement les restes des ADF partout où ils vont, » précise le communiqué.

• Bruxelles et Londres font pression sur le Rwanda

La Belgique a demandé à l’Union européenne (UE) d’envisager des sanctions contre le Rwanda, soutien des combattants du M23 qui se sont emparés de Goma. Interrogé jeudi 30 janvier par des députés, Bernard Quintin, ministre belge des Affaires étrangères, a dit avoir appelé ses homologues européens à prendre des « mesures concrètes » contre Kigali.

Il a cité plusieurs leviers d’action, notamment celui du partenariat UE-Rwanda sur les matières premières critiques ou la possibilité de « suspendre le dialogue sécuritaire avec le Rwanda ». Également mentionnée : « la Facilité européenne pour la paix, dite « Cabo Delgado » », à savoir l’accord au terme duquel l’UE s’est engagé à soutenir financièrement le déploiement de troupes rwandaises pour lutter contre des groupes jihadistes dans le nord du Mozambique.

Le Royaume-Uni a, quant à lui, condamné la prise de Goma et menacé de « réexaminer » son soutien financier au Rwanda. « Le Royaume-Uni étudie activement les prochaines étapes avec ses partenaires internationaux, notamment la possibilité d’un réexamen de toute l’aide britannique au Rwanda », a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Londres dénonce «une violation inacceptable de la souveraineté de la RDC et de la Charte des Nations unies, qui pose un risque fondamental pour la stabilité régionale », et appelle au « retrait immédiat de toutes les forces armées rwandaises du territoire congolais ».

• Tshisekedi participera au sommet de la SADC

Alors qu’il a n’a pas assisté à la réunion en visioconférence organisée par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) le 29 janvier (réunion à laquelle a pris part le président rwandais Paul Kagame), Félix Tshisekedi participera à distance à la réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui se déroulera aujourd’hui à Harare au Zimbabwe, selon une source à la présidence congolaise.

Selon le journal sud-africain Daily Maverick, un retrait de la force régionale SAMIDRC pourrait être évoqué. Mais la SADC souhaiterait que ce retrait soit « ordonné » et précédé d’un cessez-le-feu et d’une relance des pourparlers entre Kinshasa et Kigali.

Source Jeune Afrique https://www.jeuneafrique.com/1651271/politique/le-point-sur-la-situation-dans-lest-de-la-rdc-la-pression-saccentue-sur-sake-dernier-verrou-avant-goma/

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