Conflit dans l’est de la RDC : le M23 contrôle Goma, heurts à Kinshasa


29 janvier 2025 - 90 vues

Les rebelles du M23 et leurs alliés rwandais contrôlent désormais les points-clés de Goma, la grande ville du Nord-Kivu. L’ONU se réunissait de nouveau ce 28 janvier, tandis que des manifestations ont eu lieu à Kinshasa. Les principaux événements en direct.

Cet article est actualisé en fonction de l’évolution de la situation dans l’est de la RDC. Vous pouvez recharger la page pour accéder aux dernières informations.

Ce qu’il faut retenir : Le M23, soutenu par le Rwanda, a lancé une offensive sur plusieurs axes autour de Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Les combats ont débuté le 23 janvier et se poursuivent depuis. Les rebelles ont pénétré dans la ville dimanche soir et en tiennent désormais les points-clés.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, qui s’est réuni en urgence dimanche et a condamné le « mépris éhonté » de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, devait de nouveau se réunir ce mardi en fin de journée. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA s’est lui aussi réuni mardi et a condamné « les violences du M23 ».

Félix Tshisekedi a présidé hier soir à Kinshasa une réunion avec les représentants des institutions du pays. Il doit s’adresser à ses concitoyens dans les heures qui viennent, a fait savoir la présidence congolaise.

Les combats de lundi à Goma ont fait 17 morts et près de 370 blessés, selon les bilans d’hôpitaux obtenus par l’AFP. L’armée sud-africaine, déployée sous la bannière de la force régionale SAMIDRC, a par ailleurs annoncé mardi matin la mort de 4 nouveaux soldats, après les 9 décès annoncés ce week-end.

Les dernières informations : 

• Le M23 patrouille dans Goma

Cible de l’offensive du M23 et de ses alliés rwandais depuis le 23 janvier, la capitale du Nord-Kivu a été le théâtre ces derniers jours de combats entre l’armée congolaise et les rebelles. Ces derniers en maîtrisent désormais les points-clés au soir de ce 28 janvier. Vous pouvez lire ci-dessous notre reportage dans la capitale du Nord-Kivu.

• L’UA demande au M23 « de déposer les armes »

Réuni en « session d’urgence » à Addis-Abeba, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a « condamné les violences du M23 » et appelé les rebelles « à déposer les armes ». Il a aussi dit son attachement au « plein respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la RDC », selon le commissaire aux affaires politiques de l’UA, le Nigérian Bankole Adeoye.

• Premiers rassemblements de l’AFC à Goma

La situation est encore incertaine à Goma, où le M23, soutenu par le Rwanda, a combattu ces dernières heures des poches de résistance des FARDC et de leurs alliés. Les rebelles semblent avoir pu accentuer leur contrôle sur les points clés de la capitale régionale du Nord-Kivu. D’après des images reçues par Jeune Afrique, des rassemblements de partisans de l’Alliance Fleuve Congo (AFC, la plateforme politico-militaire dont fait partie le M23) ont eu lieu ce 28 janvier dans l’après-midi. Plusieurs lieutenants de Corneille Nangaa, patron de l’AFC, sont à la manœuvre pour organiser ces démonstrations de soutien.

L’ancien président de la commission électorale congolaise n’est, lui, pas présent sur place. Selon nos informations, il suit le développement de la situation « depuis un lieu sûr » et attend notamment la tenue d’une nouvelle réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, ce 28 janvier, pour décider de se rendre ou non à Goma.

Depuis le début de l’offensive du M23 et de ses alliés rwandais, les rebelles annoncent la tenue d’un grand meeting dans la capitale du Nord-Kivu. D’abord programmé le 27 janvier, à l’expiration de l’ultimatum posé aux FARDC pour leur reddition, celui-ci n’avait toutefois pas eu lieu.

• Plusieurs ambassades attaquées à Kinshasa

Plusieurs ambassades ont été attaquées ce mardi à Kinshasa, par des manifestants dénonçant la guerre dans l’est du pays. Les ambassades du Rwanda, de la France, de Belgique ainsi que des États-Unis ont été ciblées, de la fumée s’échappant du bâtiment de la représentation française.

Des pillages sont également en cours, notamment dans les quartiers de Limete et de La Gombe.

• Quatre nouveaux soldats sud-africains tués à Goma

Déjà endeuillée par la perte de 9 hommes, l’armée sud-africaine – engagée dans la force régionale SAMIDRC à Goma – déplore la mort de quatre nouveaux soldats. « À la suite d’un échange de mortiers entre les FARDC [l’armée congolaise] et la milice rebelle des M23, lundi 27 janvier 2025, près de l’aéroport de Goma où la base des SANDF [l’armée sud-africaine] est localisée, trois membres des SANDF ont été pris dans un échange de tirs et sont morts », annonce un communiqué, qui précise que les mortiers ont été tirés par le M23 qui cible l’aéroport de Goma et dont les obus sont tombés sur la base sud-africaine.

L’armée sud-africaine annonce également le décès d’un de ses membres qui avait été blessé auparavant dans des combats contre le M23. Les autres blessés continuent de recevoir des soins dans un hôpital de Goma.

Malgré ces pertes et malgré l’incompréhension et la colère de l’opinion publique en Afrique du Sud, l’armée sud-africaine, qui participe à hauteur de 2 900 hommes dans la force SAMIDRC, se dit déterminée à poursuivre sa mission de maintien de la paix en RDC.

• Situation toujours confuse à Goma

Des tirs sont toujours entendus à Goma ce mardi matin, malgré l’annonce hier par la force uruguayenne de la Monusco d’un accord de cessez-le-feu entre « les factions en conflit ». Cet accord devait prendre effet à 19 heures lundi soir.

« La situation est toujours confuse, indique à Jeune Afrique une source présente à Goma. Une partie de la ville est contrôlée par le M23 et une petite partie des quartiers Nord est contrôlée par les FARDC et les Wazalendo. »

Les combats de lundi ont fait 17 morts et près de 370 blessés, selon les bilans d’hôpitaux obtenus par l’AFP. Un porte-parole des Forces rwandaises de défense (RDF) a par ailleurs fait état de cinq civils tués et de 25 personnes grièvement blessées dans les environs de Gisenyi, du côté rwandais de la frontière.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) doit se réunir ce mardi à 14 heures (heure de Kinshasa), de même que le Conseil de sécurité de l’ONU pour une deuxième fois après la réunion de dimanche, à 21 heures (heure de Kinshasa).

• Le président Félix Tshisekedi va s’adresser à la nation

L’annonce a été faite lundi soir, sans plus de précisions, à la suite d’une réunion du chef de l’État congolais avec les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat, de la Cour constitutionnelle et avec la Première ministre. Un plan de sortie de crise sera aussi bientôt dévoilé, selon Vital Kamerhe, le président de l’Assemblée nationale.

Dans la soirée, Félix Tshisekedi a aussi eu un entretien téléphonique avec Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État américain. Les deux hommes sont convenus de l’importance du processus de Luanda pour régler la crise avec le Rwanda.

Le président rwandais Paul Kagame a, lui, eu un entretien téléphonique avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, dont 9 des soldats ont été tués dans l’assaut du M23 soutenu par Kigali. Les deux chefs d’État partagent l’avis qu’un cessez-le-feu est urgent et qu’il faut reprendre les pourparlers, selon un communiqué de la présidence sud-africaine.

Les informations de lundi 27 janvier 2025 :

• Tshisekedi, Kagame, Ruto… Emmanuel Macron multiplie les échanges en coulisses

Le chef de l’État français, qui avait déjà échangé séparément avec Félix Tshisekedi et Paul Kagame le 25 janvier, a de nouveau eu des entretiens téléphoniques avec les deux présidents dans la soirée du 26 janvier, selon une source élyséenne. « Extrêmement préoccupé » par la situation dans l’Est, Emmanuel Macron a multiplié les initiatives en coulisses ces dernières heures afin de trouver « une voie de désescalade » après l’entrée du M23 et de ses soutiens rwandais dans Goma.

Emmanuel Macron a également évoqué la situation à Goma avec plusieurs de ses homologues de la sous-région. Entre le 26 et le 27 janvier, il a notamment discuté avec le Congolais Denis Sassou Nguesso, avec le Sud-Africain Cyril Ramaphosa qui déploie des troupes en RDC, ainsi qu’avec le Kényan William Ruto. Avec ce dernier, le président français a évoqué la tenue d’un prochain sommet extraordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Le 26 janvier, William Ruto a en effet annoncé qu’il allait réunir en urgence les chefs d’État de la sous-région. Il a aussi affirmé que Félix Tshisekedi et Paul Kagame avaient répondu favorablement à son invitation. Sollicitée dans la matinée du 27 janvier, la présidence congolaise a toutefois affirmé à Jeune Afrique que Félix Tshisekedi n’avait pas l’intention d’y prendre part.

Du côté de l’Élysée, on se dit convaincu de la nécessité de relancer le processus de Nairobi, qui pilote l’EAC depuis 2022. Cette médiation, parallèle à celle pilotée par l’Angolais João Lourenço, prévoit un cadre de dialogue entre Kinshasa et les groupes armés actifs dans l’Est. Le Rwanda plaide pour qu’un dialogue direct ait lieu entre la RDC et les rebelles du M23, ce que Kinshasa refuse, considérant que c’est une ligne rouge. Les autorités congolaises estiment que seul un cadre de discussion impliquant l’ensemble des groupes armés est envisageable. Ce point de blocage a été évoqué par le président Macron et ses homologues ce week-end, sans qu’aucun compromis ne semble avoir émergé.

• L’UA se réunit ce mardi

C’est au tour du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) de se réunir en urgence pour évoquer la brusque dégradation de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu. « Il y aura une session d’urgence du Conseil de paix et de sécurité demain à midi sur la situation dans l’est de la RDC », a déclaré ce lundi à l’AFP Paschal Chem-Langhee, porte-parole du CPS, alors que des tirs d’artillerie lourde sont toujours entendus à Goma.

• Que deviennent les FARDC et leurs alliés sur le terrain ?

Alors que les rebelles du M23 et leurs alliés rwandais ont lancé une vaste offensive vers Goma depuis le 23 janvier, l’armée congolaise et ses alliés peinent à contenir leur avancée. Sur le terrain, certains contingents ont déposé les armes et ont quitté la capitale régionale du Nord-Kivu.

Jeune Afrique fait le point ici sur ce que deviennent les FARDC et leurs alliés sur le terrain ce 27 janvier.

• Qu’est-ce que le processus de Luanda, auquel chacun dit rester attaché ?

Depuis l’intensification de l’offensive du M23 et de son allié rwandais dans l’est de la RDC, les diplomaties congolaises et rwandaises affirment rester impliquées dans les négociations de Luanda – processus entamé depuis de longs mois sous l’égide du président angolais, João Lourenço.

Si celui-ci semble dans l’impasse, il était notamment construit autour d’un accord trouvé le 25 novembre 2024 entre Kinshasa et Kigali, qui encadrait les opérations contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et précisait les modalités du désengagement des forces rwandaises.

Vous pouvez retrouver ici le contenu de ce plan, pour l’instant largement inopérant et non respecté, que Jeune Afrique avait pu consulter.

• Le gouvernement congolais veut « éviter le carnage à Goma »

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a publié une déclaration sur X ce 27 janvier. Il y évoque la situation dans Goma, « marquée par la présence de l’armée rwandaise ». « Nous tenons à rassurer la population que dans la suite des instructions du président de la République, le gouvernement continue de travailler pour éviter le carnage », a-t-il assuré.

Le gouvernement congolais recommande « à la population de Goma de suivre les dispositions suivantes : rester à l’abri, à la maison ; s’abstenir de commettre des actes de vandalisme et de pillage ; barrer la route à la propagande manipulatrice du Rwanda ». Et il ajoute : « Nous sommes tous gardiens de notre territoire. Aucun centimètre ne sera cédé ! »

• Le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu a quitté Goma

Selon les informations de Jeune Afrique, le commissaire divisionnaire Romuald Ekuka Lipopo et une partie de ses équipes ont quitté la ville de Goma, le 26 janvier, aux environs de 19 heures. Le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, après avoir gagné une base de la Monusco, a pris place à bord d’un bateau qui a l’a emmené vers Bukavu, dans le Sud-Kivu.

Peu avant, il avait pourtant tenu à rassurer la population de Goma sur l’engagement du gouvernement provincial à faire front face aux rebelles du M23 et à leurs soutiens rwandais. Il avait également appelé au calme au lendemain de l’annonce du décès du général Peter Cirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu.

• Le sommet de l’EAC va-t-il se tenir ?

Alors que William Ruto a annoncé le 26 janvier la prochaine tenue d’un sommet d’urgence de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) dédié à la crise en RDC, l’avenir de cette initiative semble incertain. Le chef de l’État kényan, qui assure la présidence tournante de l’organisation sous-régionale, a affirmé que les présidents Kagame et Tshisekedi, à qui il a parlé séparément dimanche, participeront à cette rencontre dont la date n’a pas été précisée.

Toutefois, une source officielle rwandaise contactée par Jeune Afrique affirme n’avoir, à ce stade, « pas plus de détails » sur cette initiative. La présidence congolaise nous a par ailleurs confirmé que Félix Tshisekedi n’y participera pas. « Il est clair que, par rapport à la situation qui prévaut en ce moment, le président ne pourra pas aller à ce sommet », nous a répondu Tina Salama, sa porte-parole. Elle précise aussi que, bien que Félix Tshisekedi « salue l’initiative des chefs d’État de l’EAC », la RDC « continue à dire que le processus de Luanda est toujours en cours ». Également contacté, l’entourage du président Ruto n’a pas donné suite.

Les informations de dimanche 26 janvier :

• « Goma s’apprête à tomber »

La capitale du Nord-Kivu est secouée depuis plusieurs heures par des tirs à l’arme lourde. Dimanche soir, des combattants du M23 et des soldats rwandais ont pénétré dans Goma, selon plusieurs sources onusiennes et sécuritaires, sans que l’on sache avec certitude ce lundi matin qui contrôle la ville. Selon nos informations, la station locale de la RTNC est désormais entre les mains des rebelles.

Contacté par Jeune Afrique, un habitant de Goma a affirmé se trouver « sous une pluie de balles ». « Je suis au centre-ville et je ne saurais pas décrire la situation, car depuis cette nuit, il y a les coups de feu, a-t-il ajouté. On ne peut pas bouger. »

Signe du chaos qui règne dans la ville, la prison, qui comptait près de 3 000 détenus, a été « totalement incendiée » à la suite d’une « évasion massive » qui a causé des « morts », selon l’AFP. Des prisonniers seraient parvenus à prendre la fuite.

La frontière avec le Rwanda a été fermée ce lundi matin et la radio-télévision rwandaise RBA a annoncé que des bus se tenaient prêts, du côté rwandais de la frontière, à évacuer vers Kigali des membres du personnel de l’ONU et leurs familles.

« Goma s’apprête à tomber », a déploré dans la matinée le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en condamnant fermement cette offensive militaire.

• Goma en sursis

Des combattants du M23 et des soldats rwandais ont pénétré dans Goma dimanche 26 janvier, selon plusieurs sources onusiennes et sécuritaires citées par l’AFP. « Dans la nuit, on a encore entendu des tirs, notamment à la grande barrière », affirme une source sur place jointe par Jeune Afrique. « La présence des militaires et certains policiers est encore constatée dans certaines rues de Goma. On ne sait pas dire avec précision qui tire, mais ça a aussi tiré du côté de l’aéroport et dans le quartier Office », poursuit notre source.

Alors que la situation reste confuse, le M23 dit contrôler Goma. L’ultimatum de 48 heures imposé par le groupe rebelle qui exige que les Forces armées congolaises (FARDC) et leurs alliés déposent les armes est arrivé à son terme. Quelques unités de l’armée congolaise se sont rendues le dimanche soir et ont remis leurs armes à des Casques bleus, selon un communiqué de l’armée uruguayenne qui participe à la force onusienne et qui a perdu un soldat.

À Kinshasa, le président Félix Tshisekedi a présidé une réunion de crise, tard dimanche soir à la Cité de l’Union africaine, sur la situation sécuritaire et humanitaire de la province du Nord-Kivu. « Il faut s’assurer que les vies humaines sont préservées », a commenté le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, sans évoquer les avancées sur le front.

Cette dégradation sécuritaire inquiète la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), présidée par le Kenya. William Ruto, le chef de l’État kényan, a convoqué un sommet extraordinaire d’urgence d’ici à 48 heures auquel participeront, selon lui, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, qu’il a appelés séparément dimanche.

• Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence

Réunis en urgence ce 26 janvier à New York, les représentants des membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont longuement évoqué la situation qui prévaut autour de Goma. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Wagner Kayikwamba, a appelé le Conseil de sécurité à agir avec « fermeté » et réclamé des sanctions ciblées face à « une agression délibérée et méthodique contre un État souverain ». Elle a accusé le Rwanda de se « préparer à orchestrer un carnage à ciel ouvert » dans l’est de la RDC.

La patronne de la mission de maintien des Nations unies, Bintou Keïta, ainsi que la France, ont appelé Kigali à cesser son soutien au M23.

En réponse, dans un communiqué publié dimanche soir, le gouvernement rwandais a regretté des réactions officielles « erronées ou manipulées » et rejeté la responsabilité des combats sur les FARDC, les FDLR, les mercenaires européens, les Wazalendo, les forces armées burundaises, mais aussi sur la force régionale SAMIDRC et sur les Casques bleus de la Monusco – tous accusés d’avoir violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu.

Cette situation près de la frontière rwandaise « continue de représenter une menace sérieuse pour la sécurité du Rwanda et son intégrité territoriale », a répété le ministère rwandais des Affaires étrangères, justifiant une « posture défensive durable ».

Retrouvez dans notre article le contenu détaillé de la réunion d’urgence de l’ONU.

• Les FARDC affirment avoir été frappées par un drone rwandais

Un drone rwandais a ouvert le feu sur des positions congolaises dimanche à environ six kilomètres de Goma, ont indiqué à l’AFP des sources sécuritaires et onusiennes. « Un drone TB2 de l’armée rwandaise a effectué une frappe sur une de nos positions », a précisé une source sécuritaire proche des FARDC. Selon plusieurs sources au sein la Monusco, « au moins deux paramilitaires » ont été gravement blessés par ces tirs.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui n’avait jusqu’à présent pas aussi clairement mis en cause Kigali, s’est dit « profondément préoccupé par l’escalade de la violence » et appelle « les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC », selon un communiqué diffusé dimanche par son porte-parole.

• « L’aéroport de Goma ne peut plus être utilisé »

Ce 26 janvier, « le M23 et les troupes rwandaises ont pénétré le site de Munigi ainsi que les abords de la ville de Goma », a déclaré la patronne de la Monusco, Bintou Keïta, devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

La diplomate, qui intervenait à l’occasion de la réunion d’urgence sollicitée par la RDC en réponse à l’offensive des rebelles sur Goma, a également confirmé que l’aéroport international de la ville « ne peut plus être utilisé aux fins des évacuations ou des efforts humanitaires ».

Les combats, qui s’intensifient sur plusieurs axes autour de Goma depuis le 23 janvier, ont repris tôt ce dimanche matin, notamment au nord de la ville. En fin de matinée, les rebelles ont déclaré que l’espace aérien de la ville était « fermé ». Mais la situation est restée floue pendant plusieurs heures, et certains vols commerciaux ont encore pu décoller peu après cette déclaration. Contacté par Jeune Afrique, le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, affirmait également à la mi-journée que l’aéroport n’était pas fermé.

Depuis, la situation semble s’être dégradée. « En d’autres termes, nous sommes pris au piège », a déclaré Bintou Keïta, demandant au Conseil de sécurité d’agir pour protéger la population civile et le personnel humanitaire.

• Des camps de déplacés bombardés

Les combats se rapprochent de Goma et les bombardements n’épargnent pas les camps de réfugiés installés à l’ouest de la ville. Au moins quatre bombes sont tombées sur les sites de Rusayo 1 et Rusayo 2 Extension. Il y a plusieurs blessés et un bilan provisoire fait état de dix morts, mais les recherches se poursuivent car d’autres corps sont encore enfouis sous les décombres, selon Janvier Banguma, chef du groupement de Rusayo.

« Les bombes sont tombées à 11 heures. Je suis sur place et nous attendons des ambulances pour transporter les corps des victimes », explique-t-il. Invité de la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC) pour le journal de la mi-journée, le ministre congolais de la Communication a également évoqué des bombardements. « Ils [les habitants de Goma] sont sous attaque. On attaque les camps de déplacés parce qu’il y a une volonté claire de semer la terreur et d’occuper la ville de Goma », a réagi Patrick Muyaya.

En ville, c’est un climat de tension qui règne, selon notre correspondant sur place. Des éléments des Wazalendo (groupes armés alliés à Kinshasa) sont accusés d’avoir commis des pillages dans les quartiers de Majengo et Katoyi. Dans le centre de la ville, de lourdes détonations résonnent depuis l’aube et des hélicoptères de combat de l’armée congolaise tournent dans le ciel, selon l’AFP. Voitures et motos circulent encore mais la plupart des commerces ont fermé. À mesure que les combats se rapprochent, de nouvelles colonnes de déplacés affluent.

• L’ONU avance sa réunion d’urgence

Signe de la rapide dégradation de la situation sur le terrain, la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies prévue lundi a été avancée à ce dimanche, à 10 heures à New York (16 heures à Kinshasa).

Contactées par Jeune Afrique, plusieurs sources sécuritaires disent redouter une nouvelle offensive d’ampleur avant que ne s’ouvre la réunion de l’ONU. Le journal britannique The Observer va plus loin en affirmant que les rebelles soutenus par le Rwanda souhaitent prendre la ville de Goma avant l’adoption d’une résolution à New York.

Dans un communiqué publié samedi, le M23 avait donné 48 heures aux soldats congolais pour déposer les armes. « On ne les laissera pas entrer à Goma, c’est une certitude », a réagi le général-major Sylvain Ekenge, le porte-parole de l’armée congolaise, lors d’une conférence de presse.

• Emmanuel Macron appelle Félix Tshisekedi et Paul Kagame

En plus de soutenir la réunion d’urgence qui se tient aux Nations unies, Emmanuel Macron a eu des entretiens téléphoniques avec ses homologues congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagame. Le président français a appelé à « la fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais », selon un communiqué.

La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a également réagi pour condamner « l’acte d’agression du M23 », mais sans citer le Rwanda.

Un communiqué qui devrait déplaire au ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, qui refuse désormais d’entendre parler du M23 à la place du Rwanda. Le porte-parole du gouvernement a également partagé sa déception après la lecture d’un communiqué de l’Union africaine qualifiant le M23 « d’opposition politico-militaire ».

Les informations de samedi 25 janvier :

• « La guerre n’a pas encore commencé », selon Kinshasa

Le gouvernement congolais a mené une contre-offensive médiatique lors d’un point presse tenu samedi soir. « Nos troupes, accompagnées des vaillants Wazalendo [groupes armés alliés à Kinshasa] ont réussi à repousser l’ennemi », a déclaré le général-major Sylvain Ekenge.

La force régionale SAMIDRC, qui se bat aux côtés des Forces armées congolaises (FARDC), affirme également avoir repoussé l’ennemi. « Ce que le Rwanda ne sait pas, c’est que la guerre n’a pas encore commencé », a lancé le porte-parole de l’armée.

Ce dernier a affirmé que Peter Cirimwani, le gouverneur militaire du Nord-Kivu décédé le 24 janvier, a été pris pour cible par  un sniper rwandais qui l’aurait identifié alors qu’il effectuait une sortie de terrain. « C’était l’ennemi juré des Rwandais, je suis sûr qu’ils sont en fête », a réagit, amer, le général-major Ekenge.

Côté diplomatique, Kinshasa a rappelé ses diplomates en poste à Kigali avec effet immédiat et demande au Rwanda d’arrêter toutes ses activités diplomatiques et consulaires dans son ambassade de Kinshasa sous 48 heures. « Le dernier diplomate rwandais en poste à Kinshasa, sous menace permanente des officiels congolais, avait déjà quitté la capitale congolaise », a minimisé le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, sur le réseau social X.

• L’armée sud-africaine affirme avoir repoussé le M23

« Après deux jours de combats acharnés avec le groupe rebelle M23 dans l’est de la RDC, le contingent sud-africain et ses homologues […] ont non seulement pu stopper l’avancée du M23 [vers Goma], mais ont pu le repousser », a assuré le ministère sud-africain de la Défense, ce 25 janvier, dans un communiqué.

L’armée sud-africaine affirme dans le même document avoir perdu neuf soldats lors des combats, dont sept faisaient partie de la force régionale de la SADC et deux combattaient au sein de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco). « Le nombre de blessés reste à confirmer », poursuit le ministère de la Défense.

• La RDC refuse l’offre de médiation turque

Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait proposé une médiation, à l’occasion d’une visite en Turquie de son homologue rwandais, Paul Kagame, la RDC a officiellement décliné l’offre. La vice-ministre congolaise des Affaires étrangères, Gracia Yamba Kazadi, a déclaré que Kinshasa n’avait « sollicité aucune médiation ».

« On doit trouver des solutions africaines aux problèmes africains. C’est dans ce cadre que la RDC s’est engagée dans le processus de Luanda initié par l’Union Africaine mais que le Rwanda sabote », a-t-elle ajouté.

« La Turquie est prête à apporter toute l’aide nécessaire pour résoudre [la crise] entre le Rwanda et la République démocratique du Congo », avait assuré Recep Tayyip Erdogan, le 23 janvier. Très active sur les plans diplomatique et économique en Afrique, la Turquie est intervenue récemment, avec succès, dans le différend entre l’Éthiopie et la Somalie, deux pays voisins de la Corne de l’Afrique.

• Le Rwanda accuse l’ONU de rhétorique incendiaire

Le Rwanda a accusé, ce 25 janvier, la Monusco de « rhétorique incendiaire » à propos du conflit en cours dans l’est de la RDC. Dans un communiqué publié le 24 janvier, la Monusco avait exhorté « les parties prenantes à reprendre rapidement un dialogue franc dans le but de trouver une solution pérenne et finale [« sustainable and final solution », dans le communiqué initial rédigé en anglais] à ce conflit ».

Des termes – en particulier l’expression « solution finale », évoquant le génocide des Juifs lors de la Seconde guerre mondiale – qui ont choqué à Kigali. « Cet appel de la Monusco à une solution finale est choquant et doit être condamné et retiré. Une telle rhétorique incendiaire dans un communiqué de la mission de maintien de la paix de l’ONU, dont le principal objectif déclaré est de ne pas faire de mal, est inappropriée », a déclaré la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, sur X.

« Le dialogue entre le gouvernement de la RDC et les rebelles d’une communauté congolaise endeuillée, qui a été victime de persécutions systématiques, est la seule solution pour résoudre le conflit », a-t-elle ajouté. Le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, a abondé en critiquant sur X « le choix [des] mots » de la Monusco. Selon le diplomate, les Nations unies choisissent de fermer « les yeux sur la hausse des discours de haine, des persécutions et des meurtres de tutsi congolais. »

• L’Union africaine exprime sa préoccupation

Le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a affirmé ce 25 janvier suivre « avec grande attention la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC ».

Le diplomate regrette que la détérioration de cette situation menace les efforts fournis par l’Union africaine pour aboutir à un accord de paix. Moussa Faki Mahamat appelle en outre à un cessez-le-feu et réclame une mobilisation de la communauté internationale en soutien aux populations de l’est de la RDC.

• Des soldats de la SADC tués dans les combats

L’Afrique du Sud, qui déploie 2 900 soldats dans le cadre de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC), a perdu neuf soldats dans les affrontements avec les rebelles du M23. Plusieurs dizaines d’autres ont été blessés lors des combats. Déployée depuis décembre 2023 dans l’est de la RDC, la SAMIDRC participe aux combats qui s’intensifient autour de la ville de Goma.

Trois soldats malawites de la force régionale de maintien de la paix ont en outre été tués dans des affrontements, a déclaré samedi à l’AFP un porte-parole de l’armée malawite. « Nous confirmons la perte de trois de nos courageux soldats qui faisaient partie des forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en RDC », a affirmé Emmanuel Mlelemba. En outre, un soldat uruguayen des Nations unies a également été tué.

La Monusco prend également part aux affrontements qui se concentrent sur deux fronts, à l’ouest et au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Samedi 25 janvier, la mission onusienne a annoncé qu’elle relocalisait son personnel non essentiel basé à Goma sans interrompre ses opérations. « Cette relocalisation n’affecte en rien l’engagement indéfectible des Nations unies à fournir une aide humanitaire et à protéger les civils au Nord-Kivu », précise le communiqué.

• Réunion d’urgence à l’ONU et condamnation du président Lourenço

Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies sera organisée lundi à New York à la demande de la RDC et avec le soutien de la France. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, est à l’ONU, où elle multiplie les rencontres bilatérales avec les représentants de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, des États-Unis, de la Chine, du Danemark et du Pakistan.

De son côté, le président angolais, João Lourenço, qui pilote le processus de médiation entre le Rwanda et la RDC, « condamne fermement ces actions irresponsables du M23 et de ses partisans, qui mettent en danger tous les efforts et progrès réalisés dans le processus de Luanda pour un règlement pacifique de ce conflit », selon un communiqué du ministère angolais des Affaires étrangères.

L’Union européenne (UE) a, pour sa part, réaffirmé son plein soutien aux processus de Luanda et de Nairobi. Dans un communiqué, elle appelle le Rwanda à arrêter de soutenir le M23 et à retirer ses troupes du pays. Elle exige aussi de la RDC qu’elle cesse de coopérer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et autres groupes armés.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « alarmé » par un regain de violences qui pourrait aggraver « le risque d’une guerre régionale ».

Enfin, aux États-Unis, le sénateur républicain Jim Risch, qui préside la commission des Affaires étrangères de la Chambre haute du Congrès, a lui aussi condamné l’offensive du M23. Alors que Donald Trump vient d’entrer en fonction à la Maison-Blanche et que son degré d’investissement dans ce conflit reste difficile à anticiper, ainsi que Jeune Afrique l’expliquait, Jim Risch a dénoncé « l’incapacité de l’administration Biden à tenir les partis responsables des violations passées », estimant que cette attitude avait « enhardi les acteurs derrière les combats actuels ».

Les informations de vendredi 24 janvier :

• L’armée confirme la mort gouverneur du général Cirimwami

Le porte-parole de l’armée congolaise, le général-major Sylvain Ekenge, a annoncé le décès du général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, lors d’une allocution prononcée à l’issue d’un Conseil de défense. Celui-ci se tenait en présence du chef de l’État à la Cité de l’Union africaine.

« Le général-major Cirimwami Peter est tombé l’arme à la main au champ d’honneur, a-t-il déclaré. Il a été blessé, on l’a évacué et tout a été fait pour qu’il arrive à Kinshasa et qu’on l’achemine pour des soins appropriés à l’extérieur du pays, mais malheureusement il a succombé à ses blessures, et les honneurs lui seront rendus lors des obsèques nationales qui seront organisées à Kinshasa. »

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